mardi 12 juin 2018

Apprendre de ses erreurs


 J’en fais comme tout le monde et c’est pourquoi, après une journée pleine de chiffres je suis content de découvrir ces réflexions dans une ancienne émission de France Inter. Si l’on résume ma vie professionnelle :
  •  Super notes de dessins au collège, je voulais être dessinateur pour dessiner des Mickey tranquillement.
  •    Je suis arrivé au lycée de Sèvres : je me suis ramassé la première année et mes notes de dessin étaient plutôt à 4.
  •  On a voulu me recaser en Littéraire option dessin et j’ai dit non : plutôt redoubler 100 fois.
  • J’ai eu mon Bac en Arts Appliqués, on appelait ça F12 à l’époque. J’ai voulu continuer aux Gobelins (dessin animé), en vitrail ou en illustration. Je me suis ramassé pour entrer dans ces écoles. J’ai fait une fac’ en Cinéma.
  • J’ai validé mon année haut la main, mais j’ai laissé tomber à cause d’un prof d’histoire du cinéma qui nous a expliqué qu’un film était bien. Quand j’ai demandé pourquoi, il nous a dit qu’on ne pouvait pas comprendre car on était des « Première année ».
  • La vie et l’armée ont décidé de la suite. J’ai bossé et j’ai repris mes études en faisant un BTS en Communication visuelle en alternance après quelques années de job au Louvre. Je l’ai eu et pendant ce temps-là j’ai toujours dessiné.
  • Et j’ai toujours pratiqué le jeu de rôles. Une autre partie de ma vie où j’ai gagné des XP (eXpericence Points) et où j’ai appris où les dépenser pour faire grandir mes personnages.
  •  J’ai ensuite cherché à percer en illustration dans la littérature de l’imaginaire (SF, Fantasy et autre). Je n’ai jamais véritablement percé malgré des publications et mon acharnement. À un moment, je me suis dit que j’avais perdu 10 ans dans ce circuit. J’ai continué en secteur Jeunesse. Ça a mieux marché
  •  Aujourd’hui, je suis toujours illustrateur, je fais toujours du jeu de rôles et je suis beaucoup plus auteur de romans et de jeux. Et petit à petit je trouve ma place.
Je vois régulièrement des gamins avec mon boulot et ils me demandent quelle voie prendre. J’ai tendance à leur répondre de choisir ce qu’ils veulent faire eux, et non ce que leur dictent leurs profs, parents ou notes, car c’est ce qu’ils feront de mieux et qu’il sera toujours temps plus tard de changer de vie, de métier. Simplement parce que je crois que c’est ce que j’aurais aimé entendre à leur âge.
Aujourd’hui, en tant qu’auteur, je me trouve en questionnement perpétuel sur ce que j’écris, ce que je fais ou dois faire. Est-ce un bon personnage, une bonne histoire ? Est-ce que cet éditeur fait de bons contrats et est-ce qu’il soutiendra mon travail ? Notre profession d’auteur se dégrade de plus en plus, et pourtant, je crois intrinsèquement qu’auteur est ma voie (au moins pour le moment). J’ai mis longtemps à la trouver, mais peut-être que toutes ces « erreurs » étaient en fait nécessaire pour en arriver là.



Néanmoins, même s’il n’y plus les notes de l’école qui pointe plus les faiblesses que les points forts, il y a les chiffres des éditeurs et des commerciaux. Cette journée en est la preuve : J’ai découvert les MEP (mise en place). Celle des livres sur lesquels les libraires tablent. C'est-à-dire l’espérance de vente suivant le titre et l’auteur. Et avec cet éditeur (et a priori les autres également) cela semble baisser. Les libraires commandent de moins en moins de titres. Les chiffres baissent comme les notes scolaires et au lieu d’avancer, de se tirer vers le haut, j’ai l’impression que tout le monde est réglé par ce système qui tire de plus en plus vers le bas. On se rapproche de l’effet BD : un titre sur une table de libraire qui est remplacé par un autre en quelques jours. Et après, si la bd ne s’est pas vendue : pas de suite. Cela suit une certaine logique, mais cela serait mieux si tous les titres étaient défendus par les éditeurs. Ce n’est malheureusement pas le cas et la communication frôle souvent le zéro pointé. Parce que la communication « ça coûte cher », mais en même temps, en faire pourrait gonfler les ventes, pour supporter des titres auxquels les éditeurs croient véritablement. Chez un autre éditeur, en BD, on me dit que les premières ventes sont bonnes mais qu’on attend les chiffres de juillet pour être certain de donner une suite… Logique ? Je ne sais pas. Qu’est-ce qui définit un bon livre/bd : uniquement ses ventes ? Sa qualité ? Sa chance d‘être lu par le média qui en parlera ? J’ai par exemple appris que les Fnac achetaient moins de romans « Jeune adulte » et que d’ailleurs les libraires qui s’en occupent ne sont pas forcément qualifiés dans ce type de livre. Pourquoi ? Parce que la Fnac s’est mariée avec Darty pour vendre plus d’aspirateur ? Le livre est-il un produit comme les autres ?



En définitive, j’ai de la chance car mes livres se vendent biens au point que grâce à l’aide de quelques ami/es du métier, de nouveaux éditeurs sont intéressés par me publier. Par exemple, Detroit s’est vendu au point que je gagne des droits d’auteurs et rembourse l’a valoir en seulement 4 mois. Ayati a un très bon départ puisqu’on me dit que 5000 ex sont partis chez les libraires et cela ne fait qu’un mois. Et avec ça, il faut toujours regarder vers l’horizon, construire plus ou moins sa carrière et détailler les contrats et l’énergie qu’un livre demande pour (sur)vivre. Cela peut devenir angoissant… je préfère me mettre au-dessus de la marée et me dire que le quotient de celle-ci peut bouger et que je vais uniquement continuer à être dans le « palpitant ». Que je vais continuer à essayer d’apprendre de mes erreurs. Il paraît que c’est bon pour le cerveau en plus.
Et en attendant, j’espère que d’autres feront pareil et qu’on avancera vers le mieux.



Et tout cela donc pour vous donner ce lien à écouter. Très utile pour les élèves, les profs, les chercheurs/ses, les personnes curieuses, les auteurs/trices, éditeurs/trices ou encore les concepteurs/trices de jeux : https://www.franceinter.fr/emissions/la-tete-au-carre/la-tete-au-carre-22-mars-2017

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