Je n’ai
que quelques années d’expérience en tant qu’auteur de romans derrière moi, mais
bien plus en tant qu’illustrateur et professionnel à différents niveaux dans le
domaine du livre. Lorsque je me suis retrouvé à diriger la collection Les contes affables, pour Manannan, j’ai
mis un point d’honneur à rémunérer au mieux les illustrateurs/trices que j’allais
chercher. Premièrement, simplement par respect pour leur travail.
Bien que
certains ne s’étonnent guère qu’un/e dessintaeur/trice de BD travaille nuit et
jour et week-end compris pour boucler des planches pour un tarif de plus en
plus dérisoires, il est bon de rappeler que passion et profession font bon
ménage. Oui, nous travaillons avec
passion mais pas moins avec professionnalisme. Et si vous demandez à votre
boulanger, il vous fera peut-être la même réponse. Dessiner et écrire sont des
métiers comme d’autres, qui méritent le même respect et qui ne l’obtiennent
plus aujourd’hui de manière financière.
Nos professions d’auteurs/trices
(du dessin à la traduction en passant par la correction et l’écriture) sont à l’agonie.
Et ce n’ai pas en les écrasant du pied que cela s’arrangera. Et nous sommes tous concernés. Car
demain, (pas dans dix ans ou cent ans mais bien sous peu avec un dernier coup
de bâton au 1er janvier 2019), nombre d’entre nous vont mourir
professionnellement (et peut-être physiquement s’ils/elles se retrouvent à la
rue). Pas par manque de talent ou de travail, non, parce que les gouvernements
successifs se sont employés à nous ignorer depuis des années. Même avec des
autrices au ministère cela n’a pas mieux été alors avec une éditrice aujourd’hui
ministre de la Culture, cela ne serait qu’un comble logique qu’elle nous
assassine. Et nous sommes tous
concernés. Oui, vous aussi de l’autre côté de l’écran car quand les
auteur/trices vont tomber un par un, ce sont les livres, les BD, les illustrés,
les livres scolaires et éducatifs ainsi que les séries et les films qui vont s’effondrer.
Depuis
le début des mouvements #payetonauteur et #auteurencolère nombreux
ont tiré (de nouveau) la sonnette d’alarme. Depuis plusieurs jours, certains
médias relaient (enfin*) notre cause grâce à la prise de parole de quelques
célébrités de la profession. Puis, ce matin, le SNE (syndicat national de l’édition :
les éditeurs) s’est enfin prononcé… trop mollement à mon goût, renvoyant la
patate chaude au ministère. Il est vrai que pour certains éditeurs, la
situation est compliquée, mais au lieu de se défausser, il serait plus
judicieux d’être venu autour des différentes tables proposées par les syndicats
et association d’auteurs. Nous devons trouver des solutions ensemble pour
répartir un gâteau mal divisé afin de redonner un souffle complet au milieu du
livre. Et n’en déplaise à certains, la majorité ne gagne qu’environ 1 euro par
livre grand format vendu… tandis que certains éditeurs indépendants exploitent
encore les œuvres du domaine public pour en faire des bénéfices. Ne serait-il
pas temps, par exemple, qu’au moins une partie des recettes de Victor Hugo revienne
aux caisses de retraites ou institution de santé pour les auteurs ?
Et
nous sommes tous concernés.
Le 21 juin, la fameuse
concertation avec les institutions de tutelles sur notre statut s’est soldée
par une présentation power point unilatérale. Ceux qui remettent à plat nos
retraites, charges et système de santé ne se posent pas les bonnes questions.
Il est temps qu’ils écoutent les premiers concernés : nous. S’il n’y a pas de discussion, c’est la
création assurée d’un génocide culturel français.
Demain 17h30, Madame la Ministre Françoise
Nyssen reçoit les associations et syndicats d'auteur pour une véritable
concertation.
Ce que nous attendons désormais de notre Ministre de
la culture, c'est de porter les idées et solutions des organisations d'auteurs
au sujet des réformes à venir. Nous sommes pour une rénovation de notre régime,
mais pour que cela aille enfin dans le sens d'une avancée pour nous, dans la
cohérence de la philosophie du droit d'auteur, en adéquation également avec
notre situation très concrète.**
Et
nous sommes tous concernés.
Si vous voulez nous
soutenir, qui que vous soyez, relayés nos messages ou exprimez-vous sur le
sujet en ajoutant #auteurencolère.
Et pour des
informations plus complètes sur la situation : https://www.auteursencolere.fr/
*On
attend encore les médias qui se disent plus humains comme Le Média, L’humanité,
Médiapart, Fakir, Le Canard, etc.
**
Paragraphe diffusé par La Charte des auteurs et illustrateurs de livre Jeunesse,
qui fait un travail formidable avec notamment le SNAC BD.
#LeMédia
#Lhumanité #Médiapart #Fakir #LeCanardEnchaine