dimanche 23 décembre 2018

Les auteur.rice.s et la politique


Les auteur.rice.s sont de plus en plus nombreux à se retrouver dans une situation financière déplorable à cause de décisions gouvernementales et du peu de pourcentages de droits d’auteurs qu’ils obtiennent en comparaison de la hausse du coût de la vie. Après avoir subi une retraite complémentaire obligatoire (IRCEC) aspirant en moyenne un mois de salaire, on nous frappe à coup de CSG. On pourrait s’imaginer que c’est normal de cotiser comme tout le monde à la CSG : ça le serait si en tant qu’auteur je pouvais prétendre au chômage. Alors, depuis plus d’un an, on nous fait des promesses et au lieu de créer un statut spécifique, certains auteur.rice.s ont gagné une rustine de quelques dizaines d’euros : une « aide » pour payer cette CSG. Toutefois, afin d’être certain que cette mesure soit ridicule, elle est imposable.

Les associations d’auteur.rice.s se battent pour nous. Toutefois, je ne suis pas en accord avec des choix, comme la solution angélique des agents littéraires. Par ailleurs, d’autres décisions posent également des questions, comme la création de la Ligue des auteurs : association sortie presque de nulle part sous l’impulsion de quelques dirigeants chartistes et états généraux du livre. Bien que rassembler tout le monde sous une même bannière à grand renfort de communication de stars paraisse positif, cela questionne notamment sur d'éventuelles subventions à venir pour cette nouvelle structure : que restera-t-il aux autres associations et syndicats déjà présents depuis longtemps ?

Dernièrement, la Ligue des Auteurs a été reçue par le ministre de la Culture qui leur a promis « des ateliers » pour avancer sur la question des auteur.rice.s. Cette ligue comporte des représentants des autres associations/syndicats mais c’est bien elle qui est reçue, plutôt qu’une diversité  de groupes qui aurait pu soumettre des questionnements pluriels (peut-être que sur ce point je me trompe car avec un interlocuteur unique c’est plus facile pour négocier ?). Donc, des « ateliers » dont on ne connaît ni la date ni le fonctionnement vont avoir lieu. Nous parlons encore au futur, comme les autres promesses faites par le passé et restées sans suite. Alors, j’espère que cela donnera plus qu’un atelier coloriage pour éviter que les auteur.rice.s manifestent et/ou s’expriment en masse. Car pour le moment, c’est tout ce que cela donne vue d’ici ;  surtout que lorsque j’ai proposé une nouvelle manifestation de chartiste pour le salon de Montreuil, la direction de la Charte m’a retourné un « non ». Là encore, cette volonté de rester silencieux a peut-être aidé à rencontrer le ministre (on le saura peut-être un jour). En définitive, comme mes questions (probablement naïves et/ou stupides) se retrouvent souvent face à un mur, je me suis demandé comment agir. Comme j’ai déjà été membre du bureau de la Charte, j’ai tenté une expérience en interpelant un sénateur via les réseaux sociaux. Ce dernier, Fabien Gay, m’a répondu en me demandant des éléments pour prendre en compte notre situation. Une semaine plus tard, il a fait parvenir un courrier au ministre pour l’alerter sur notre situation précaire d’auteur.rice.


 (Pierre Dufour /AFP) 

Finalement, je ne sais pas si cela bougera les choses. Si ça se trouve, ça sera une petite aide pour alerter un peu plus le ministre, ou pour qu’il découle du concret de ces ateliers. Si ça se trouve : rien… Néanmoins, si on interpelle nos sénateurs et députés (je n’ai pas encore de réponse de la part de Stéphane Peu que j’ai également contacté), il est possible que cela crée un mouvement (ou assez de bruit pour être entendu). Alors, mon courrier n’est pas forcément magique ou parfait, toutefois je le tiens à disposition de n’importe qui voulant l’utiliser comme base afin de l’envoyer à son/ses élus pour la cause des auteur.rice.s.

D’ici là, je vous souhaite de bonnes fête et je vous joins le courrier que le sénateur a envoyé au ministre, ainsi que l’intervention de la sénatrice Céline Brulin (17mn 53 - http://videos.senat.fr/video.937675_5c067a9e0e507.seance-publique-du-4-decembre-2018-apres-midi?timecode=13652000) pour que les auteurs soient entendus.

#AuteurEnColère #Auteur #SNACND #Charte #FabienGay #StephanePeu #CelineBrulin #Bibliothèque 


dimanche 9 décembre 2018

On dirait le Sud....


Je me suis rendu dans l’Aude, mon voisin départemental si on regarde ses finances, mais à l’autre bout du pays géographiquement. J’étais là-bas pour deux jours d’interventions scolaires dans le cadre du prix Un livre dans l’Aude pour lequel Detroit est sélectionné. Environ 6 heures de train plus tard je suis arrivé à Carcassonne, ville que je n’avais pas revue depuis des années.
On se lève entre 6 heures et 7 heures du matin pour être certain d’être à l’heure pour se rendre dans les classes du département. Après, je suis véhiculé par Malika, qui coordonne une partie du prix sur place et qui outre sa gentillesse possède un regard critique et intelligent sur de nombreux sujets. J’ai adoré ces petits morceaux de discussions avec elle.


Une fois arrivé dans les bibliothèques, j’ai rencontré des élèves allant de la 4e à la seconde. Exactement 194 élèves en 48 heures Un petit marathon de questions réponses pour revenir chez moi vendredi à minuit. Après, il m’a fallu 24 heures pour m’en remettre. Ceci est donc pour souligner que j’adore faire ces interventions, mais heureusement qu’il y a encore quelques budgets pour payer ces déplacements professionnels.
Les rencontres en elles-mêmes se sont bien passées. J’ai évidemment pris plus de plaisir à partager des expériences avec les classes qui avaient préparé des questions. Il suffit pour cela parfois que le professeur ouvre le roman à étudier pour picorer des sujets et les soumettre aux élèves, même s’ils n’ont pas le temps de lire Detroit. Mais ce n’est apparemment pas du goût de tout le monde. Dommage. Pour le reste, j’étais ravi avec des questions intéressantes, pertinentes voire uniques (certaines questions sont récurrentes, je suis donc très content d’avoir des questions ou des observations originales sur mon travail).
En résumé, c’est sportif ce genre de déplacement, mais si vous, collègue auteur.rice.s avez l’occasion d’aller sur place dans le cadre du prix, foncez ! On est très bien reçu et tout est réglo. En bonus j’en reviens avec de beaux souvenirs, des interprétations musicales et des créations artistiques d’élèves : génial ! merci à tous ceux qui font que ces moments deviennent magiques.



#GulfStreamEditeur #UnLivreDansLAude #Detroit #Roman #FaienFernandez

mercredi 5 décembre 2018

Petit mot avant dodo



Je suis peu présent sur ce blog. J’ai envie de vous dire que c’est pour la bonne cause. Mes deux derniers romans (Nola Forever et On reconstruit bien les maisons après les ouragans sont sortis et les retours sont pour le moment très positifs. Le deuxième opus de l’escape book dans l’univers de Chi est également paru. Et en ce moment, je travaille sur le troisième.  Je suis donc en promo de ces livres, et entre plusieurs contrats. Le second tome d’Ayati s’esquisse, mais avant d’en parler, je préfère avoir le contrat signé : celui pour lequel nous nous sommes battus avec Sandra. Je suis également au milieu de l’écriture d’un roman qui à l’origine était prévu pour Gulf Stream…  il ira finalement vers d’autres éditeurs. J’ai déjà deux autres éditeurs potentiellement intéressés : à voir. Pour 2019, même si pour le moment rien n’est officiellement contractualisé, je devrais revenir avec quelques escape books. Il y aura également le voyage en Nouvelle Angleterre et d’autres beaux projets. En tous cas, on va tout faire pour.



Je vous écris de ma chambre d’hôtel à Carcassonne. Durant 2 jours je vais rencontrer des classes de lycées et collèges pour mon roman Detroit, préselectionné pour le prix Un livre dans l’Aude. Je suis donc un peu éloigné des réseaux sociaux et d’un certain côté ça me va car j’y lis beaucoup de haines  de colères. Pas celles légitimes contre le gouvernement mais celles contre « qui ne porte pas les même couleurs que moi ». J’y lis des attaques sur « Les gilets jaunes » où l’on fait des amalgames en piochant dans les clichés des grands médias. Des avis très tranché sur ce qui doit être. Je vois aussi des guerres entre auteurs. On pointe du doigt tel ou tel corps de métier pour les avantages qu’il a et pas d’autres. Des jugements, des cours d’histoires et de politique où les autres ne font que des mauvais choix. J’en suis assez triste. Nous devrions faire cause commune mais pour des egos ou de jalousie tout s’effrite et au final, si l’on n’a pas une vue d’ensemble pour le bien commun, on n’obtiendra peut-être que des miettes. Pour être plus clair, je suis contre toutes ces violences et dégradations menées par certains « gilets jaunes », mais il semble que la première violence vienne du gouvernement et de la police, alors ces personnes croient probablement que c’est la seule manière de se faire entendre. Vu les dernières déclarations du 1er Ministre, peut-être qu’ils ont raison. Sinon, il y a bien eu des actions racistes et fachistes de l’extrême-droite mises sous les spots des médias, mais ce que je retiens plus chez ces personnes qui défilent la plupart du temps pacifiquement ce sont qu’elles se tuent au travail pour ne pas pouvoir finir financièrement leur mois. Toutes ces personnes à la rue ; tous ces retraités qui fouillent les poubelles pour se nourrir ;  tous ces infirmiers ou ces profs qui sont maltraités et à qui on ne donne pas les moyens de faire leur job de fonctionnaire…  cela me fend le cœur. Alors quand ces personnes revendiquent le droit à l’humanité, j’ai du mal à les mettre tous dans le même panier que des casseurs. 



Je crois sincèrement qu’un morceau d’histoire de France est en train de se construire, ne sachant évidemment pas ce que cela peut donner. Cependant, réduire cela à des clichés de notre passé serait minimiser l’événement. Je vois simplement des individus qui en ont assez d’être poussé dans l’esclavage. Et même si au final on avance qu’un seul grand pas, ‘est toujours ça, on fera le deuxième après. Des vies sont en jeu et j’essaye de ne pas trop juger, par respect pour ceux qui se battent probablement plus que moi car mon combats n’est aujourd’hui pas dans la rue, il s’effectue par mes créations, par mes courriers à des élus, par des pétitions, par des actions ou des relais d’information…
Bref, c’est peut être naïf mais je crois en la politique… en l’humain, je crois qu’il peut se dessiner un monde meilleur par ses actions, et j’espère que c’est en train de se réaliser pour nous tous, pour préserver nos acquis sociaux et pour continuer à avancer ensemble.

Petite conclusion par Guilermo Del Toro, dans son livre sur La forme de l’eau que je suis en train de lire : « [ce film] parle d’amour, un amour que je crois possible et qui vient de l’acceptation et du renoncement au carcan de la perfection, un amour sans forme, comme l’eau. Semblable à cet élément, il peut s’infiltrer partout, souple, malléable et bienveillant.
Je crois que nous sommes capables de nous aimer les uns les autres, et que nous devons nous éloigner de ceux qui cherchent à nous tourner en ridicule parce que nous sommes « différents », parce que nous sommes « l’Autre ».
Au bout du compte, si vous parvenez à dépasser ces idéologies artificielles, il n’y a pas d’ennemi.
Nous n’avons que nous.
L’ « Autre », c’est nous depuis le début. »