Cela fait quelques temps déjà que
ce billet d’humeur me trotte entre les neurones. Il n’intéressera peut-être pas
grand monde mais je compte sur le hasard de l’Internet pour que quelques personnes
tombent dessus et envisage un autre regard sur ce que nous faisons… Je sais, je
suis naïf.
Afin
d’aller droit au but : l’écriture n’est pas un hobby. L’illustration n’est
pas un hobby. Le game design n’est pas un hobby.
Depuis des mois, les
auteur.rice.s tentent de faire reconnaitre leur statut car la société nous
traite bien mal (pour un exemple cliché, on paye la CSG mais on n’a pas le
droit au chômage). Évidemment, nous ne sommes pas les seuls dans ce cas et on
travaille en faisant « ce que l’on aime ». Voire, on « travaille
dans notre passion ». Je le dis souvent, mais les professionnel.le.s sont
nombreux.ses à être passionnés. Pas forcément que l’ébéniste, la garagiste mais
aussi le pâtissier, etc. On choisit un
métier ou il nous choisit, je crois que la vie est ainsi faite avec plus ou
moins de chance et de volonté.
Donc oui, j’aime ces métiers, ces
jobs, ces …trucs. Je les aime d’autant plus que je suis rémunéré pour les faire
et encore plus quand les lecteur.ice.s, spectateur.ice.s et joueur.euse.s les
apprécient. Mais en plus d’être mal traité par le système, ce qui m’importe aujourd’hui
c’est le regard qu’on porte sur nos professions. Je ne parle pas uniquement de moi
mais aussi des tou.te.s mes collègues (j’élargis à ceux de l’édition, du jeu
vidéo, etc). Nos métiers ne sont pas faciles, ils sont souvent enviés voire
rêvés mais combien de fois nous avons entendu : « Oui, mais ton vrai
métier c’est quoi ? ». En plus d’être insultant (on demande à un
réalisateur.ice ou un.e architecte son « vrai métier »), c’est blessant.
Dit autrement, on arrive à la
longue à encaisser les regards ou les paroles négatifs d’autrui, mais ce n’est
pas si facile (et peut-être que c’est une des raisons qui font aussi qu’on aime
se retrouver entre professionnel.le.s sur les salons et conventions). Oui, parfois on se le prend en pleine tronche,
on serre les dents et on continue. Car « dessiner des Mickey », c’est
chouette. On aime bien quand je fais une belle image ou un roman et encore plus
quand ça gagne un peu en notoriété. Néanmoins, je perçois toujours cette petite
pensée latente : « Oui, mais ce n’est pas un vrai métier ». Ou
pire, ce n’est pas sérieux. En fait, nos métiers deviendraient sérieux et/ou
pros quand on atteint le statut de star. Et
ça m’agace profondément ! Pas pour ces personnes connues qui ont
probablement bien mérité cela, mais pour toutes celles qui œuvrent à faire
réfléchir, rêver et progresser le genre humain. Et encore, dans cette logique
là je serais peut-être un jour « connu », a contrario d’ami.e.s de l’ombre (directeur.rice de collection, traducteur.rice.s
relecteur.rice.s, etc).
Alors comme on met dans nos
créations… tout ce qu’on a (nos tripes, notre vie, nos sentiments, …) : non, ce n’est pas un simple violon d’Ingres,
ni juste une passion qui m’anime pour aller dans tous les coins de France ou
bosser jusqu’à pas d’heure, c’est un truc débile qu’on appelle métier. Et au
risque d’ennuyer encore quelques personnes, je compte faire ça tant que c’est
possible. Et tant pis si je me plante, tant pis si c’est risqué. Je prends toutes
les précautions nécessaires pour que cela le soit le moins possible. Mince, comme un vrai job ? Oui,
quelque chose comme ça. Un boulot, une fonction sociétale… un bidule.
Alors malgré un billet d’humeur possiblement
brouillon, j’imagine que si vous l’avez lu jusqu’ici, vous avez compris le fond
de ma pensée. Au pire, je retourne bosser sur mes jeux, je vous bise et je vous laisse avec…
L’écriture n’est pas un hobby. L’illustration
n’est pas un hobby. Le game design n’est pas un hobby.