Petit retour de
lecture sur ce chapitre du nouveau/prochain livre de chez Onyx Path dans sa
gamme Chronicles of Darkness. J’ai
participé au financement participatif via la boutique Trollune (que je remercie
au passage). Et comme le pdf est sorti pour nous faire patienter jusqu’à la
version papier, je me suis plongé dans le premier cadre de jeu qui m’a motivé à
acheter ce pavé de 600 pages.
Nous avons ici 28
pages de sables et de poussière, juste après le krach de 29. Nous sommes dans
le sud des USA, dans les années 30, zone qui a subi une sur production agricole
qui a entraîné l’assèchement des sols, son appauvrissement et aussi sa
désertification. Il n’y a plus d’arbre ou de végétation pour retenir le sol et
l’humidité… S’enchaîne alors une longue période que l’on appelle les Dust Bowl.
Au programme, famine, désertification, villages abandonnés, tempêtes de sables
traversant le pays, maladie… Que du bonheur ! Si vous voulez un aperçu,
regardez (de nouveau ?) la série Carnivale
(surtout la saison 2 - une de mes séries préférées de le monde !).
Bref, un cadre de
jeu idéal pour Promethean : The
Created. Ca résonne tellement comme le jeu sa quête d’humanité, son voyage
permanent et sa (dé)construction que je me suis jeté dessus. Tout le premier
chapitre est bon. De l’historique, comment on en est arrivé là, les maladies
engendrées, comment on vit cela au quotidien, le racisme, les mentalités… C’est
bien écrit, bien synthétisé et même pour moi qui me suis pas mal documenté sur
le sujet pour d’autres projets, on apprend des choses. Ne serait-ce que des
petits détails du quotidien, ou des expressions, jargon de l’époque. Une
dizaine de pages très efficaces !
Ensuite, on continue
sur le surnaturel. Environ quatre pages intéressants qui expliquent les
thématiques et le lien avec le jeu Promethean.
À partir de là, on a même pas mal d’encarts « Milestones » qui
permettent de cadrer la mécanique de jeu (nb : les Milestones, ce sont les
étapes importantes dans la quête d’identité des Promethean. Des balises personnelles à résoudre pour avancer sur sa
« voie »). On tombe rapidement dans le chapitre qui m’a déplu : Seeds Chronicles. D’un côté il paraît
incontournable tellement il est cliché, mais de l’autre j’aurais aimé plus de
travail pour une mise en place de scénario. Sans surprise, le cadre de jeu
proposé est une caravane qui montreuse de Freaks. On arrose ça d’un conflit
entre deux PNJ et on vous fait croire que c’est bien. En fait, non. C’est fade.
Les pages suivantes
sont plus intéressantes. On avance par le nouvel archétype de Promethean : les Hollow. Résidu de sable, mort et
recomposé. Pourquoi pas. Pas transcendant mais ça fonctionne alors pourquoi se
priver. Deux pages plus tard on enchaîne sur les Dust Devils. Des créatures étranges aux Pandoras du cru, avec des transmutations nouvelles et des petits
trucs sombres à souhait. Là il y a un peu de matière avec en plus des idées de
scénario. Le niveau remonte sensiblement. Heureusement car nous sommes déjà à
la fin. Dix lignes d’inspirations et références plus tard (certaines sont
biens) et c’est plié.
Donc, au final, je
trouve que c’est assez bien, je reste sur ma faim. Ils auraient pu faire tellement
mieux s’ils n’avaient pas opté pour la caravane de la facilité. J’y trouve de
quoi y faire quelques scénarios, mais plutôt en one shot qu’en campagne promise. La déception est au bout du chemin
de sable, un goût de poussière dans la bouche.
Je m’en vais lire
les autres chapitres, notamment l’autre thème chouchou : les Vikings !
Il y a 5 jours, mon
second roman est sorti. Un petit pas de plus dans ce métier d’auteur écrivain,
un pas gigantesque dans celui des projets. En effet, ce thème, les enfants
soldats, est l’un de ceux qui me tient à cœur depuis longtemps. D’abord
sensibilisé par des grosses productions américaines, je me suis vite retrouvé à
lire des autobiographies. Des bouquins poignants, violent, des mots qui
prennent aux tripes. Ça fait dix ans que ça me trotte dans la tête. J’ai eu l’idée
d’en faire un jeu. Puis, en tant qu’illustrateur, d’en faire un album… rien de
tout ça n’a jamais pris forme. C’est pourquoi, naturellement, est arrivée cette
histoire.
Je me suis pas mal
documenté, grâce à des documentaires, des livres et des sites d’ONG comme l’UNICEF
et Amnesty International. Je ne voulais pas en faire un cliché sur les enfants
soldats africains, tout simplement parce qu’ils ne sont pas les seuls. On en
trouve presque partout dans le monde. En tout cas, dans tous ces coins de la
planète où les pays dits civilisés, ou occidentaux, sont capables de créer des
guerres pour des ressources naturelles (pétrole, diamant, gaz, etc.), ou
simplement pour vendre des armes. Car oui, si ces gamins existent, s’ils ont
une arme en mains, c’est parce que nos pays leurs vendent. Et la France est
loin d’être la dernière dans le business militaire. Je vous passe le laïus sur
le trafic d’armes permettant aux terroristes de revenir vers nous fusil
mitrailleur au poing…
Mais voilà, nous y
sommes, une histoire, un témoignage, une fiction. J’ai toujours aimé créer de l’émotion
dans ce que je fais, dessin, jeu ou autre, alors la vision du petit soldat sur
la voie de sortie, ça m’a paru évident. Et comme je voulais du positif, je l’ai
déniché au seul endroit où il se trouvait pour une happy end.
Je vous laisse lire
le livre, avec son mini dossier sur les enfants soldat à la fin. Je vous laisse
découvrir que ce ne sont pas des mômes comme les autres, qu’on les entraîne à
tuer, qu’on les drogue et qu’on les torture, ou pire. Rassurez-vous, ce livre
destiné aux ados, aborde certains de ces points uniquement de manière indirecte
ou métaphorique. Pas besoin d’en dire plus, on a compris…
Hier, je me suis
rendu à la commission #AuteursDebout pour ma première #NuitDebout. Cet élan
populaire qui dure depuis plusieurs jours m’a semblé très positif et m’a
intrigué. Lorsque #AuteursDebout s’est constitué sur les réseaux sociaux, j’y ai
trouvé l’excuse pour me rendre à République, voir ce qu’on y faisait, voir
réellement ce qui s’y passait et non pas avec la vision tronquée de la plupart
des médias.
La sortie principale du métro a été fermée par la police assez tôt,
je suis donc sorti en bordure de la place, ce qui m’a permis d’avoir un aperçu
plus global. La première chose que j’ai vue, ce sont des gens qui n’ont pas de
rapport avec #NuitDebout et qui squattent pour boire de la bière. Chacun fait
comme il veut, mais c’est dommage de nuire au mouvement par cette image
alcoolisée. Les médias sont déjà assez forts pour saboter l’image. Encore
aujourd’hui, de bon matin la première news sur laquelle je tombe est « les
casseurs en bordure de Nuit Debout ». Résultat, des vitrines défoncées et
c’est tout. Au vue des actions de certains policiers et CRS, je trouve ça assez
limité de ne montrer que du verre brisé avec ce titre putassier.
Je me suis donc mis en quête de #AuteursDebout. J’avais un peu d’avance,
j’ai effectué un crochet par l’AG principale. En passant dans les allées, sous
la pluie, j’ai d’abord été étonné par le monde, puis par l’ambiance posée. Ce
sentiment s’est prolongé en écoutant l’AG durant plusieurs minutes. Loin des clichés
vendus par les médias, ici pas de lycéens hystériques, de bobos présents pour s’écouter
parler ou je ne sais quoi d’autre. Il y a un temps de prise de parole pour tout
le monde, une gestuelle à suivre pour communiquer, et surtout, des gens à l’écoute.
Il y a une sorte de respect mutuelle…et général. Je suis passé au moment où une
personne se plaignait que tout ça se limite à raconter ses problèmes et que le
mouvement n’avance pas. À la fin de son intervention, une autre personne lui a
simplement répondu qu’on avait dans une premier temps besoin de vider son sac,
de partager son quotidien difficile avant d’avancer. On ne parle pas là de
thérapie de groupe, je vous rassure, mais bien d’exprimer verbalement les
problèmes de la société, par du vécu et à cause de toute cette pression quotidienne.
Ensuite est intervenue la Commission Sérénité, pour les problèmes d’alcool en
périphérie de NuitDebout, puis un message en langage des signes. Une expression
signifiant que durant les dernières présidentielles et contrairement à d’autres
pays, les informations et discours n’avaient pas été retranscrites en langage
des signes. De fait, la population malentendante, s’était trouvée reléguée au
rôle de sous population…
Liens vers ma vidéo Instagram : https://www.instagram.com/p/BEMJmI3MuSv/?taken-by=fablyrr
Quelques minutes
plus tard, je suis tombé sur un premier
groupe d’auteur(e)s au sens large puisque c’était des graphistes. On
échange nos prénoms, on me demande ce que je fais comme boulot, je demande de
même. On discute. C’est la première essence du mouvement selon moi. Et on
trouve de tout sur place, cette jeune femme menacée par son père d’être virée
de la maison si elle ne rapporte pas d’argent (du coup elle n’a pas le droit d’être
illustratrice), à l’autrice heureuse dans un premier temps d’avoir enfin assez
d’argent pour en vivre mais devant les charges des Agessa, obligée de reprendre
un autre boulot pour survivre. Ce ne sont que deux exemples parmi des dizaines.
Enfin, ils me
conduisent au coin qui nous est dédié et en une poignée de minutes, une équipe
de la Commission Logistique installe la tente-bâche. Des pros, habitués à
savoir sur quel arbre accrocher une corde, etc. Pendant ce temps-là, je discute
avec Claire et ses amis. Claire n’en est pas à sa première NuitDebout. J’apprends
alors quelques événements dont les médias ne parlent pas. Le harcèlement des
CRS, les difficultés du quotidien et la super organisation de mise en commun de
matériel et compétences. C’est là que j’ai appris qu’il y a peu, lors de l’installation
de la sono, des CRS ont tenté de venir la prendre. Pourrait-on dire VOLER ?
Mais NuitDebout à fait bloc et a défendu son bien…
On passe ensuite à la
première réunion #AuteursDebout… en partageant la tente avec #DessinDebout. Des
échanges sur les problématiques générales avec des auteurs, photographes,
illustrateurs, dessinateurs, plasticiens… Quelques points communs se dégagent
de l’heure d’échanges : tous dans le besoin, des droits d’auteurs faibles,
de la paperasse et les casquettes de métiers connexes à notre profession nous
tuent peu à peu (il faut être comptable, juriste, commercial, etc), et il
faudrait définir les grandes lignes de tout ça ensemble, pour avancer et revendiquer
uns statut commun, par exemple. Des idées sont lancées sur des SCOP, s’inspirer
du statut des intermittents, être payé à l’heure ou à la surface couverte (en
expo par exemple), etc. Durant ses échanges, un musicien passe pour souligner comment
fonctionnaient les squattes organisés de Montreuil. Vous savez, la victime du Flash-Ball
qui « squattait » En réalité, ces squattes étaient des organisations
libres, se réunissant pour mettre en commun leurs compétences, par exemple compléter
des dossiers Pôle Emploi, et une fois tout cela au propre, ils bougeaient à une
centaine pour des sittings afin de réclamer des réponses aux institutions :
pourquoi étaient-ils radiés de Pôle Emploi alors que rien ne le justifie, ce
genre de choses… C’est pour le moment un pot-pourri dont il faudra en tirer le
meilleur, mais ça fonctionne.
Au final, nous nous sommes donné rendez-vous jeudi prochain le 52 mars
(21 avril) à 20H pour dégager les premières grandes lignes #AuteursDebout.
C’était une réunion
très positive, autant humainement que professionnellement. D’ailleurs, au
passage, TVDebout manque de dessinateurs live. J’ai cependant regretté l’absence
de membres actifs de La Charte et du Snac BD, des piliers de mouvements sociaux
de nos professions et des gens souvent très qualifiés pour parler de sujets
plus techniques.
Enfin, en partant,
je me suis promené dans le campement nocturne, très paisible : expos
photos, théâtre, concert, prises de parole d’infirmiers, curieux…
Jusqu’au
moment où un fumigène de couleur est lancé à l’autre bout de la place de la
République. Cris et autres. Comme j’étais armé de mon appareil photo, je me
suis rendu sur place pour au moins transmettre d’éventuelles infos en image.
Une ligne de CRS quitte le Boulevard St Martin au pas de course et rejoint le
Boulevard Magenta. Petit mouvement de foule. De l’autre coté, les lycéens et
leur « Manif Sauvage », c’est-à-dire des plusieurs dizaines d’ados
scandant « : Debout Paris ! », et autre messages ultra violent…
Enfin, j’imagine que c’est le cas car une ligne de CRS s’est formée à l’entrée
du boulevard. En position, ils ont tenus, se sont calés derrière leur bouclier
et d’un seul coup se sont mis au pas de course sur 20 mètres en hurlant. Autre
mouvement de foule. Le boulevard est bloqué. Et arrivant du boulevard du Temple,
plusieurs camions de CRS en renfort ont débarqué côté boulevard St Martin. C’est
assez impressionnant ces meutes de CRS. Donc oui, nous nous sommes retranchés vers
le métro. Je suis parti peu de temps après. Ce qui est triste, c’est que normalement
la police est là pour aider et défendre le citoyen. Là, c’est l’inverse. Leurs
déplacements tactiques, leurs courses en beuglant… On a reculé non par le
respect qu’ils devraient imposer ou leur légitimité, mais par la peur qu’ils provoquent :
on ne sait pas où et quand ils peuvent frapper, ni pourquoi. C’est le genre d’attitude
qu’on est censé reprocher à des criminels, à ces fameux « gangs de
banlieues » Quelles consignes ont-ils reçu ? Pourquoi s’en prendre à
des mouvements citoyens pacifiques ? NuitDebout fait-il peur ? Est-ce
parce que les gens discutent, réfléchissent et ne sont plus bercés par la douce
mélodie des médias pointant du doigt l’étranger, ou l’instant où une star trébuche ?
De quoi avez-vous peurs Messieurs Hollande et Valls ? Que l’on perçoive
enfin vos mensonges et votre incompétence ?
Je ressors de là avec (une cheville tordue mais rien de grave) un
sentiment positif. Et cette phrase qui est en tête et sur toutes les lèvres :
il se passe quelque chose. Une
impulsion positive. Une réflexion de notre société. Non, NuitDebout ce n’est
pas les Indignés, ou Mai 68. Car c’est en France que ça se passe, car c’est non
violent. Ce qui ennuie les médias est peut-être aussi qu’il n’y a pas de chef.
C’est un regroupement d’individus au même niveau, vous savez comme ces
entreprises à l’organisation horizontales qui fonctionnent et qui ne plaisent
pas aux dirigeants (replongez-vous ans l’affaire Lip https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Lip
)
Ce qui ennuie l’Élysée
et les politiques c’est qu’elle n’a aucun contrôle dessus. Ce qui nous ennuie
ce sont les policiers violents, infiltrés dans les manifs et casseurs… Ce qui
me réjouit c’est d’y avoir été, d’y retourner, de jouer le rôle du colibri avec
sa goutte d’eau. Personne ne sait aujourd’hui ce que ça donnera, mais tout le
monde peut contribuer au mieux.
Dans un premier
temps, je vous invite à vous faire une idée de NuitDebout par vous-même. En
vous y rendant (il y en a dans de nombreuses villes) ou en vous informant
véritablement par TVNuitDebout ou RadioNuitDebout, ou d’autres moyens en usant
du #NuitDebout. Car la première force c’est
l’information. Quand hier j’ai entendu à la radio un homme dire qu’il
fallait respecter les décisions des personnes élues comme la ministre El
Khomri. Non, monsieur. La seule personne élue est F. Hollande, avec une équipe
qu’il a radicalement changée, en plus de ne pas avoir appliqué le programme
pour lequel il a été élu. C’est un peu comme sous l’ère Sarkozy où l’on parlait
de « Première Dame ». Ce terme américain qui ne veut rien dire, des
paroles de Carla que les médias attendaient : hey, oh, personne n’a élu c’est
« chanteuse », même ceux qui ont voté pour Sarko n’ont pas mis un
bulletin Carla, elle n’a pas plus de droit de parole qu’un autre citoyen.
Donc informez-vous. Et les auteurs et illustrateurs, venez nombreux
car tous les avis sont importants pour avancer. J’en ai assez d’entendre que
même parmi nous, il y a une attitude de « marche ou crève, tant pis pour
toi, moi j’ai survécu ». Car oui, quand un auteur touche à peine le RSA,
la solidarité c’est important. Quand un ami se retrouve à perdre son contrat d’illustrateur
qui le fait vivre, qu’il en parle en salon et qu’on lui retourne que c’est
normal, que ça tourne comme ça. Non ! Il faut inverser le sens du cercle,
le rendre vertueux contre le système pourri. Contre ce qui a déclenché le
mouvement : Contre la loi El
Khomri, celle qui tue les gens et le travail !
Pour le reste, n’oubliez
pas les #. Pour ceux qui ne connaissent pas le principe, mettez le #NuitDebout
et/ou #AuteursDebout dans les moteurs de recherches et ça vous sort la liste des
pages qui citent ce #. Moyen facile de suivre.