vendredi 13 mars 2015

Soyons critique




Ça faisait longtemps que je ne vous avais pas parlé de mes bonnes lectures. Rapportées de chez le libraire ou d’un salon/festival, elles s’empilent, se lisent, se rangent et il en ressort de belles choses. Je ne crois pas encore avoir fait de critique sur ce blog, alors ceux qui prennent le train en route, ne cherchez pas, je ne critique que ce que j’aime. Pour le reste, critiquer serait jeter une pierre sur un passant qui n’a rien demandé (ce n’est pas parce que je n’aime pas que c’est mauvais) et une perte de temps et d’énergie (j’ai autre chose à faire étrangement).



Les petites marées - Mona (S. Vidal / M. Bertand)

C’est au festival international d’Angoulême que je l’ai trouvé. En fait ça fait longtemps que je lorgne sur les bd des Enfants Rouges (l’éditeur) et c’était l’occasion de voir toutes leurs parutions. J’ai feuilleté le roman graphique avec de beaux dessins, une palette de bleus délicats et subtils et un scénario sur le deuil. Intéressant, soyons fous prenons-le ! Mathieu m’a expliqué que cela faisait parti d’un ensemble et en discutant je me suis rendu compte que le scénario était de ma copine Séverine Vidal. Le livre en lui-même, vous l’aurez compris est beau, un format carré, des planches propres et une bonne fluidité scénaristique. L’héroïne se rend à un enterrement, retrouve son amour d’enfance, sa famille avec ses bons et mauvais côtés, et quelques surprises qui font le plaisir de la lecture. Une bonne bd mais on reste un tout petit peu sur sa faim. J’espère que ce petit « défaut » se verra effacer avec les suites, présentant l’histoire sous l’angle d’autres personnages. En tout cas, je ne suis pas déçu.




French déconnection – au cœur des trafics (P. Pujol)

Changement d’univers sur l’étalage de ma libraire (Folie d’encre à Saint Denis). Là, c’est du journalisme. C’est de l’investigation à Marseille, pendant plusieurs années sur les trafics de drogues et d’armes. Mais ce n’est pas que ça ! Déjà, le langage n’est pas celui d’un journaliste à scandale d’une chaîne TV voulant faire de l’audimat (TF1, M6, D8… j’en site trois pour ne pas être accusé de publicité, c’est la règleJ). Non ici c’est rythmé, on est presque dans une histoire et ça parle d’humains avant tout. Ça décrit comment, ces différentes populations (portuaire, immigrée, des cités…) que les grands médias mettent en avant pour se faciliter la tâche, sont en fait le résultat d’un système pourri, nourri par les politiques et le quotidien les délaissant totalement. C’est égrainé d’exemples et de rencontres, et ça fait terriblement penser à The Wire. Du très bon niveau si on ne veut pas rester dans l’ignorance à entendre parler des fameuses « kalach de Marseille » qui font soi-disant régner la terreur. Une lecture intelligente et indispensable.




Bulles et blues (C. Bousquet / S. Rubini)

Cette fois, le livre est venu à moi. Offert avec une dédicace maison ! Ça ne fait que plus plaisir quand on lit cette « suite » de Rouge Tagada. Je dis « suite » car c’est une autre histoire, dans la même classe, avec d’autres problèmes du quotidien d’élèves. Tout aussi bien que ses deux grandes sœurs Tagada et Cutter, cette bd prolonge leur plaisir de lecture et enrichi l’univers de cette classe. J’aime le dessin, l’histoire, la violence réaliste si peu souvent mise en avant pour les ados de cet âge… et la super-héroïne documentaliste. Je n’en dis pas plus et vous laisse découvrir cette belle bd parlant des boucs émissaires.




Si j’étais un rêve (C. Bousquet)

Encore une récupération de livre de privilégié. Dédicace maison, lecture passion ! C’est une correspondance entre Nour et Lina, entre la Bulgarie et Saint Denis. Deux mondes qui se rencontrent, une révolution d’un côté, un quotidien citadin de l’autre. Un quotidien d’ado encore bien amené, subtil, drôle, triste… On se laisse prendre au jeu de lettres, des e-mails, des correspondances annexes, des silences, des non-dits et les interprétations… le tout culminant par une rencontre final qui fait voler en éclat pas mal d’idées reçues.




Automne (J. Mc Naught)

Bd sans texte, voire concept. Tout est dit dans le titre ou presque, car il faut voir l’objet. Petite bd aussi mignonne que l’écureuil de couverture, avec un graphisme épuré, limite rétro. On passe des planches pleines page à celles comportant près d’une trentaine de cases. C’est une histoire qui se regarde, ça m’a fait penser à L’homme qui marche de Taniguchi. Contemplatif, reposant, agréable.





Le serpent d’eau (T. Sandoval)

Si tu n’as pas ton ticket pris trois jours avant à Angoulême, tu peux toujours crever la bouche ouverte pour avoir une dédicace. C’est un peu le résumé de cet album acheté durant le festival. Car oui, une belle dédicace pour ce sublime album m’aurait bien fait plaisir. Le style de Tony Sandoval, je ne sais pas pourquoi, je suis fan ; C’est une sorte de Tim Burton mais en plus poétique. Couleurs aquarellées pour une rencontre entre deux filles, qui vire à l’onirique. De l’amour, un côté Alice au pays de merveilles, des chevaliers, du sang et des monstres. 138 pages de bonheur pour les yeux. Le seul petit défaut, je trouve que certains dialogues ne sont pas très justes parfois, mais… quand on lit/voit le reste, on oublie vite et on replonge dans cet univers de poésie et de fantômes.





Dieux ennemis (J. Wick + J-B Lullien, M. Plasse)

John Wick est un incontournable du jeu de rôles américain. Il a fait notamment Legends of Five Rings (je me demande encore comment ce n’est pas adapté en film…), House of Blood (Georges Martin va te rhabiller…), et des ovnis plus ou moins bons mais toujours sincères. Dieux ennemis, si j’ai bien compris, est sorti d’un de ses tiroirs. Un concept d’univers sur la mythologie. Enfin, surtout sur le rapport entre les dieux et leur héros. Et Bloodlust qui a chatouillé ma jeunesse et 100 fois moins bon. Pour revenir au début, on a un jeu avec cinq livrets formats A5 mis dans des paravents cartonnés. Là-dessus, il faut ajouter la superbe-magnifique-mega-belle carte de Maxime Plasse (sélectionnée pour figurer dans l’Atlas of Design 2014 de la North America Cartographic Information Society – ça en jette quand même !). Et ce n’est pas rien car si J. Wick à la mécanique et le concept de base, il n’a pas trop bossé le reste. Donc, l’éditeur français y a collé un univers médiéval fantastique maison. Rien de moins que ça. Donc un bon jeu, mais attention, malgré sa prise en mains facile, il n’est pas à mettre dans toutes les mains. Personnellement, j’ai trouvé le style un peu déroutant : J. Wick vous parle et c’est commenté par les auteurs français. Donc, il faut le savoir, ce n’est pas dans les sentiers battus. Je n’ai pas trop accroché cette forme, mais le fond est très bon. Il faut voir ce que donneront les suppléments, car pour le livre de base je trouve qu’il n’y a rien de révolutionnaire pour le moment. Wait and see. Mais bref, le concret est de dire que vous jouez le héros d’un dieu. Mettez-vous dans la peau d’un héros d’Ulysse pour comprendre. Hop un voyage et puis on vous colle une embûche. Vous vous en remettez aux dieux, et puis, le temps et les problèmes s’accumulent, vous remettez votre destin de plus en plus entre les mains d’un dieu plus particulièrement. Vous avez une relation particulière, il vous choisi, vous pouvez même devenir son héros, son champion… Sauf qu’il y a les autres dieux, qui peuvent être jaloux de votre situation, ou votre dieu, qui ne voit pas pourquoi vous tapez la discute avec la déesse d’en face… Et puis il y a aussi les dieux, qui vont faire un gros « glups » lorsqu’au lieu de vous en remettre aux capacités qu’ils vous accordent… vous choisissez de survivre grâce à votre libre arbitre, votre ruse bien humainement mortelle. Avec tout ça, il est important de savoir que c’est en général un autre joueur qui interprète « votre » dieu. Mais ce n’est pas à sens unique, car le dieu est peut-être omnipotent mais s’il n’est pas vénéré, il n’est rien… Balancez ça dans un cadre de jeu Méd-Fan « classique » et vivez votre quotidien de héros… Je ne l’ai pas testé, mais c’est à mon avis du très bon.



Bon allez, ça sera tout pour cette fois. Bonne lectures !

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