C’est le grand départ pour la
dernière étape : New Orleans. En chemin, nos compagnons de routes nous programment
la visite de la Whitney Plantation. Je dois bien avouer que je pensais à « une
plantation de plus » à visiter, c’est-à-dire, une grande maison, les
vestiges de cabanes en bois et beaucoup de verdure autour. Nous passons par la
route nord, vers Baton Rouge puis nous faisons un crochet. Sur place, nous
sommes réceptionnés par un guide dans l’église. Cinq minutes de film de
présentation donnent le ton. C’est un lieu chargé d’histoire, une des plus
horribles, mais à la différence des autres plantations, ici c’est bien d’esclavage
dont il s’agit. Un endroit où on ne peut oublier, un lieu de mémoire de ces humains
déracinés pour ensuite être vendu à des propriétaires.
Pour les détails, passez par là :
http://whitneyplantation.com
Pour le parcours, nous sommes guidés
par Ali, qui nous parle du travail d’historien fait afin de retrouver des noms
et des origines pour les esclaves, des extraits de témoignages, des taux de
mortalités dans ces camps de travail, aussi bien adulte qu’enfants passent par
la mort sans pitié à cause du travail, de la chaleur, la malnutrition etc. Dans
nos usines, nous changeons les machines en pannes, ici ils changeaient la main-d’œuvre
agonisante.
Dès 10 ans, les enfants sont mis
au travail.
Trop vieux, un esclave ne vaut
plus rien.
Les bébés meurent parfois car il
est considéré comme « sauvage » de donner le sein, donc les mères nourrissaient
les rejetons des propriétaires plutôt que leurs propres enfants.
On achetait des personnes, pour
recomposer des familles dans des cabanes où elles habitaient ensuite. Des
recompositions familiales d’individus ne venant même pas du même pays d’origine.
Les esclaves doivent faire
bouillir des chaudrons de sucre en permanence… dans leur habitation. C’est-à-dire,
vivre à proximité d’une chaleur étouffante dans le sud du pays et subir les
brûlures du liquide en ébullition…
J’arrête la liste des horreurs
ici, il y en a tellement d’autres. Whitney est toutefois le lieu où le premier
enfant métis de l’état se voit offrir une éducation. Cet enfant est un symbole,
le début d’une émancipation lente et peut-être pas encore tout à fait terminée.
Une liberté gagnée par l’instruction.
Whitney c’est la mémoire de milliers
de victimes mais aussi l’écho de leurs voix, celle qui nous rappelle que la
liberté n’est jamais gagnée, qu’elle vient souvent par l’apprentissage, l’éducation
et d’autres gestes du quotidien dans des sociétés comme les nôtres où l’esclavage
perdure sous une forme ou une autre.
Ensuite, route pour Nola. Ce
terme je l’emploie aisément comme bien d’autres. Souvent, les villes des USA
portent des surnoms. Pour La Nouvelle Orléans, on retiendra la Big Easy (sous
entendu la ville dans laquelle la vie est lente et facile, en opposition à New
York), et NOLA : New Orleans LOuisiana. Nous franchissons les limites de
Nola par les immenses ponts de béton, pénétrons dans le Downtown puis garons la
voiture, juste derrière le French Market. Dernière pause à quatre. De français,
le marché n’a que le nom et plus ou moins la forme, avec ses stands variés et
ses étalages d’objets, de vêtement et artisanat dont la plupart sont sigle « Made
in China ». Pour ce qui est de la nourriture c’est tout autre. Christophe
préfère que nous déjeunions dans un café plus touristique pour la musique
(peut-être un petit manque de ne pas en avoir écouté à Lafayette). Salade,
déjeuner, et un peu de comptabilité et voilà que nos comparses s’en retournent
vers leur point de chute pour continuer leurs aventures dans le bayou.
Guillaume et moi découvrons notre appartement : deuxième étage, immense,
deux chambres, deux salles de bain, une cuisine un dressing de la taille d’un
studio, etc. Belle surprise, même si nous n’y restons qu’une nuit. Après une brève
halte, nous regagnons le French Quarter. Quartier vivant de New Orleans,
quartier dans lequel je me sens chez moi. Musique, bonne humeur, humanité… Nous
faisons un tour pour quelques emplettes tout l’après-midi puis nous terminons
la soirée comme il se doit sur Frenchmen street, lieu de tous les concerts. J’y
retrouve le Shotgun Jazz Band que j’avais croisé en novembre dernier, puis nous
picorons la musique dans trois autres clubs de la ville avant de rentrer.
De mai, nous avons prévu quelques
visites plus touristiques comme des cimetières ou l’exposition sur Katrina.
#LouisianaEnRER
Merci Fab de nous faire partager ce beau voyage, c'est magique et magnifique,que de belles émotions à te lire et à regarder les photos. Et effectivement tu as dû te mettre dans la peau de Dave Robicheaus <3 <3 le bonheur ! (j'aime trop James Lee Burke,un tueur sur l'écriture et le rendu de l'atmosphère fantasmagorique du bayou).
RépondreSupprimercarrément : JL Burke forever :)
RépondreSupprimerbon, je m'emploie pour y retourner, mais c'est juste pour remettre des photos et te faire plaisir, hein :)