lundi 18 mars 2019

Ce n’est pas un hobby


Cela fait quelques temps déjà que ce billet d’humeur me trotte entre les neurones. Il n’intéressera peut-être pas grand monde mais je compte sur le hasard de l’Internet pour que quelques personnes tombent dessus et envisage un autre regard sur ce que nous faisons… Je sais, je suis naïf.
Afin d’aller droit au but : l’écriture n’est pas un hobby. L’illustration n’est pas un hobby. Le game design n’est pas un hobby.
Depuis des mois, les auteur.rice.s tentent de faire reconnaitre leur statut car la société nous traite bien mal (pour un exemple cliché, on paye la CSG mais on n’a pas le droit au chômage). Évidemment, nous ne sommes pas les seuls dans ce cas et on travaille en faisant « ce que l’on aime ». Voire, on « travaille dans notre passion ». Je le dis souvent, mais les professionnel.le.s sont nombreux.ses à être passionnés. Pas forcément que l’ébéniste, la garagiste mais aussi le pâtissier, etc. On choisit un métier ou il nous choisit, je crois que la vie est ainsi faite avec plus ou moins de chance et de volonté.



Donc oui, j’aime ces métiers, ces jobs, ces …trucs. Je les aime d’autant plus que je suis rémunéré pour les faire et encore plus quand les lecteur.ice.s, spectateur.ice.s et joueur.euse.s les apprécient. Mais en plus d’être mal traité par le système, ce qui m’importe aujourd’hui c’est le regard qu’on porte sur nos  professions. Je ne parle pas uniquement de moi mais aussi des tou.te.s mes collègues (j’élargis à ceux de l’édition, du jeu vidéo, etc). Nos métiers ne sont pas faciles, ils sont souvent enviés voire rêvés mais combien de fois nous avons entendu : « Oui, mais ton vrai métier c’est quoi ? ». En plus d’être insultant (on demande à un réalisateur.ice ou un.e architecte son « vrai métier »), c’est blessant.  


Dit autrement, on arrive à la longue à encaisser les regards ou les paroles négatifs d’autrui, mais ce n’est pas si facile (et peut-être que c’est une des raisons qui font aussi qu’on aime se retrouver entre professionnel.le.s sur les salons et conventions).  Oui, parfois on se le prend en pleine tronche, on serre les dents et on continue. Car « dessiner des Mickey », c’est chouette. On aime bien quand je fais une belle image ou un roman et encore plus quand ça gagne un peu en notoriété. Néanmoins, je perçois toujours cette petite pensée latente : « Oui, mais ce n’est pas un vrai métier ». Ou pire, ce n’est pas sérieux. En fait, nos métiers deviendraient sérieux et/ou pros quand on atteint le statut de star. Et ça m’agace profondément ! Pas pour ces personnes connues qui ont probablement bien mérité cela, mais pour toutes celles qui œuvrent à faire réfléchir, rêver et progresser le genre humain. Et encore, dans cette logique là je serais peut-être un jour « connu », a contrario d’ami.e.s de l’ombre (directeur.rice de collection, traducteur.rice.s relecteur.rice.s, etc).
Alors comme on met dans nos créations… tout ce qu’on a (nos tripes, notre vie, nos sentiments, …) :  non, ce n’est pas un simple violon d’Ingres, ni juste une passion qui m’anime pour aller dans tous les coins de France ou bosser jusqu’à pas d’heure, c’est un truc débile qu’on appelle métier. Et au risque d’ennuyer encore quelques personnes, je compte faire ça tant que c’est possible. Et tant pis si je me plante, tant pis si c’est risqué. Je prends toutes les précautions nécessaires pour que cela le soit le moins possible. Mince, comme un vrai job ? Oui, quelque chose comme ça. Un boulot, une fonction sociétale… un bidule.



Alors malgré un billet d’humeur possiblement brouillon, j’imagine que si vous l’avez lu jusqu’ici, vous avez compris le fond de ma pensée. Au pire, je retourne bosser sur mes jeux, je vous bise et je vous laisse avec…
L’écriture n’est pas un hobby. L’illustration n’est pas un hobby. Le game design n’est pas un hobby.