Levé à l’aube. J’ai dormis sur la
terrasse. Ça m’a permis de profiter de la lumière pour terminer mon croquis. Ce
jour, nous devons nous lever plus tôt et partir vers 9h. Nous avons un beau
planning à faire et il faut aussi le reconnaître, comme notre logeuse nous a un
peu entourloupée et qu’elle volait dormir tard… on s’est dit que ça
l’ennuierait un peu. Petite vengeance d’une mésaventure qui nous fait plus
sourire qu’autre chose.
Et donc c’est parti !
Premier arrêt dans une brocante.
Christophe trouve son bonheur musical, mais le lieu manque un peu de cachet
pour moi. Et la tête de chèvre empaillée ne pas convaincu pour la ramener à la
maison. Etrange, non ? Nous partons sur notre premier lieu de visite,
conseillé par le fils de la logeuse : Laurel Valley. Il voulait nous y
emmener de nuit, vers 23h pour le frisson de lieu hanté, mais nous n’étions pas
motivés pour reprendre la voiture. Nous voilà dans un lieu décalé, cette fois
avec une boutique de vieux objets dans laquelle on pourrait rester des heures.
Chaque objet a son histoire et le propriétaire très gentil parle Français.
Enfin, un Français un peu cadien, mais on s’est compris.
Autour, de la boutique, une sorte
de musée en plein air où l’on erre entre des tracteurs d’un autre âge et des
machines agricoles que je ne pourrais pas dater ou d’ailleurs définir leur utilité.
C’est une sorte d’urbex agricole. A deux pas, une maison d’esclaves abandonnée
et un peu plus loin, une autre vieille maison en bois où l’on vend des objets
et vêtements de seconde main. La propriétaire, une femme à la retraite de
Caroline du Nord, m’a surtout parlé de son fils, un écrivain universitaire qui
publie des papiers en Droit à l’université de New York. Je lui ai aussi un peu parlé de mes livres (elle
va acheter Detroit d’ailleurs), et nous avons glissé sur la politique. Un
emballage de diplomatie pour dire que je ne suis pas un admirateur de Trump et
que de loin, je préférais Bernie Sander. « Oh, mais j’ai fait plein
d’appels téléphoniques pour Bernie ! » me rétorque-t-elle. Du coup,
ça y est, je crois qu’on est ami pour la vie… du moins durant ce court instant.
Elle m’indique donc l’ancien camp d’esclaves au bout de la route, me prévenant
de faire attention car la communauté locale n’est pas forcément très
sympathique. D’ailleurs c’est étrange cette mise en garde et aussi le fait
qu’elle ait souligné qu’il faut faire attention, comme si nous voyagions en
zone de combat.
[Pour l’instant, le plus grand risque que j’ai pris est de marcher sur
un plancher flottant dans le bayou et avoir croisé un biker de loin sur sa
Harley.]
Nous passons donc observer ce
camp d’esclaves. Des baraquements « entretenus ». Je ne sais pas si
c’est une restauration ou un entretien depuis plusieurs siècles, mais il est
clair que voir ces maisons en bois gris, entassées derrière des barbelés… Ça
met assez mal à l’aise. Ça évoque les camps de concentration. Nous n’y sommes pas restés longtemps.
Cap sur le bayou.
Là encore, la magie a opéré.
Rouler au cœur du bayou, sur des routes partiellement inondées, des hérons, des
alligators, des tortues, et des armées de libellules. Une végétation que l’on
pourrait contempler durant des heures sans se lasser. Et nous voilà dans le
cœur du parc national de l’Atchafalaya (à répéter plusieurs fois rapidement). C’est
un passage important pour moi, grand fan de l’auteur James Lee Burke dont les
aventures de son héros principal se déroulent dans ce bayou.
Nous avons été
rendre visite à Adam Morales, un artiste allant pêcher des morceaux de cyprès
qui lui évoquent des visages ou d’autres créatures et personnages. Il les peint
ou ajoute parfois juste une paire d’yeux pour lui donner vie. Comme on dit, le
vieil homme est un personnage.
Blagueur, il aime à raconter sa vie et à parler de lui, n’hésite pas à nous
embarquer dans son coin de bayou ou chez lui et possède aussi une parcelle
d’Amérique profonde. Coupé du monde, il a son drapeau pro-Trump, sa statue de
la liberté en bois flotté, son arche de Noé et ses 10 commandements. Une
rencontre-visite singulière mais très intéressante.
Ensuite, nous avons repris la
route vers Paterson, lieu de notre nouveau logement. Un arrêt le temps d’un rafraîchissement
en terrasse avec vue sur le bayou. Le soleil brûle bien c’est agréable. On
quitte le bayou et sa végétation pour une route longue et le cœur de la petite
ville. Enfin, nous trouvons notre adresse. Magie ! Une ancienne banque. Au
programme : portes en cuivre, cuisine équipé industriel, cellier/
coffre-fort, projecteur de cinéma qui doit dater des années 40 (ou plus),
petite brique, canapé en cuir et vieux bois…
Aujourd’hui, loin de toute
politique électoral, après un peu de course à pied avec Guillaume (nous avons
croisé des écureuils, des canards et avons fait un crochet pour voir les
chevaux), nous partons sur Morgan city et son quartier historique !
#LouisianaEnRER
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