Le Roi du K.O. – Harry Crews (Folio
Policier - traduit par Nicolas Richard)
Le titre et la couverture en
disent déjà beaucoup sur ce roman. Des boxeurs comme colonne vertébrale du
récit. On pourrait presque en rester là, mais ça serait laisser la place à un
récit sportif et/ou dramatique, une histoire qui connoterait les plus connues :
Rocky Balboa, Mohammed Ali, …
Non rien de tout cela. Ici, c’est
un roman noir. Ce sont des gens du commun face au reste du monde. Cela commence
par une fête orgiaque avec le personnage (Eugène) qui fait sont show au milieu
d’une foule déguisée sur la thématique de la boxe. Son show, c’est boxer, c’est
se boxer, c’est se mettre K.O.
C’est son truc à Eugène !
Fruit du hasard à cause d’un menton trop fuyant il sait se cueillir là où ça
fait voir trente-six chandelles. Comme sa carrière de boxeur fut aussi
fulgurante qu’un direct mettant K.O., il ne lui reste plus que cela pour gagner
sa vie, là où son manager l’a planté : La Nouvelle Orléans. Et Eugène il
vient d’un coin perdu de Georgie, d’une famille pouilleuse qui ne s’intéresse à
rien d’autre que sa terre et ses animaux. Eugene pensait s’en sortir avec la
boxe, mais pas de cette manière-là. Tant
pis, il fait avec, comme son meilleur ami qui diffuse des snuff movies dans un
ciné de seconde zone de New Orleans. C’est ainsi que défile la vie d’Eugene,
mais pas seulement puisqu’il vit dans un appartement payé par sa petite amie.
Cette dernière étudie les gens, et trouve qu’Eugene est assez intéressant pour
en faire un sujet de thèse. Pas seulement, car Eugene va aussi devoir côtoyer l’Huître,
un type plein de fric plus mafieux qu’entrepreneur…
Le Roi du K.O. baigne
bien dans son jus noirâtre, l’écriture de Harry Crews aidant. C’est cru, c’est
brut c’est rude. C’est une miche de pain déchirée à la main avec toutes les
miettes que ça laisse tomber, c’est un superbe morceau de viande tranché avec
un couteau émoussé. Les personnages sont torturés et ne font pas parti des
gagnants. Les personnages souffrent mais n’iront pas forcément affronter leur adversaire.
Et tout cela déborde d’humanité avec ces défauts, sa rudesse, sa compassion,
ses trahisons, ses amitiés et ses moments de faiblesse.
Le Roi du K.O. est un
excellent livre si l’on aime les romans noirs en dehors des grands classiques
parfois un peu trop propres.
nb : vu que l'auteur a été fauconnier, soldat, pilier de bars, forain, karatéka, professeur, ... je me demande ce que donne sa biographie...
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