On
repart pour une nouvelle année d’avis personnels.
Big Easy – Ruta Sepetys (Gallimard -
Scripto)
Ce
roman classé “ado” dans la collection Scipto
de Gallimard avance une couverture un peu vieillotte de La Nouvelle Orléans. Et
pour cause, ça se déroule dans les années 50. J’avais cette petite brique de
400 pages depuis un an sur ma Pile À Lire (PAL, pour les intimes) et
j’attendais de me mettre à l’écriture de mon manuscrit NOLA Forever, qui parle donc de la même ville, pour m’y plonger. En
réalité, je n’attendais rien de cette histoire. Au début, je me suis dit
« pourquoi pas », le quatrième de couverture ne vendant pas forcément
du rêve pour quelqu’un amoureux de New Orleans pour moi. J’ai aussi pas mal de
James Lee Burke au compteur et quelques autres romans se déroulant dans la
région. Du coup, il est difficile de sortir de cliché et des idées reçues
sur la Big Easy, comme disent les amis ‘ricains avec un petit sous entendu
hautain. Et évidemment, j’ai été agréablement surpris. La plume de l’autrice
est très fluide et l’histoire très bien construite. On se laisse surprendre par
quelques tournures scénaristiques et on est surtout plongé à suivre Josie,
cette adolescente indésirée, récupérée par la Madame du Vieux Carré (comprendre
par là la maquerelle de la maison clause du quartier). J’ai trouvé le récit
sensé et sensible. Il nous embarque dans une époque et un lieu sans en faire
trop, en esquivant les caricatures et on perçoit aisément le travail de
recherche effectué en amont par l’autrice. Un véritable plaisir quand c’est
distillé aussi délicatement. Le livre n’est pas exempt de défaut, mais ce sont
des défauts d’appréciation personnels. En résumé, cela ferait un bon film. Pas
cette fois que je sois porté par la passion de l’histoire comme d’autres
livres, mais parce que j’ai le sentiment que l’histoire est conçue comme cela.
Un bon film, une bonne histoire, des rebondissements où il faut et quand il
faut et bien qu’on y préserve de la chaleur humaine c’est peut-être cette
perfection dans la construction qui crée pour moi un semblant de faiblesse. On
retombe sur ses pieds et c’est bien, néanmoins, je préfère les histoires plus
fortes, celles avec une once de déséquilibre, de choix plus forts dans leur
sujet. Toutefois, ne vous arrêtez pas à ce dernier point, foncez, c’est un très
bon livre (sinon je n’en parlerais pas).
The Deuce – David Simon et George
Pelecanos (HBO)
J’adore
l’ouvre de David Simon (et donc par la même occasion, une bonne partie de celle
de George Pelecanos qui a été scénariste sur The Wire et Treme). Du
coup, quand j’ai entendu les rumeurs de sa nouvelle série, on parlait de rock
dans les 70s à New York. Une sorte de déclinaison de Treme ? En fait non, car The
Deuce (le quartier de la 42e à New York City) parle de sexe et
plus particulièrement de la naissance du film porno dans les 70’s. Je suis
toujours frileux de sujets comme le sexe ou même la violence, le sang etc. sur
écran. Souvent, c’est pour vendre et ça n’apporte rien à l’histoire. Dans L
Word, ça marchait la première saison, dans Game
of Thrones, c’est devenu un leitmotiv saisonnier. Si dans cette série on n’a
pas sa dose de fesse, tétons et sang, la saison n’est pas complète. De fait, j’étais
très partagé entre l’œuvre de Simon et le sujet. Je me suis plongé dedans sans
rien attendre et une nouvelle fois, le duo Simon/Pelecanos fait du grandiose.
Déjà, ils changent de registres mais ensuite, ils ont cette force de construire
des personnages très divers et très humains (avec tous ce que ça comporte) pour
mener une histoire dans son ensemble, totalement juste. Tout est fiction mais
tout est basé sur du réel, on entre pleinement dans cet univers. Le sexe est
ici le sujet, il n’est ni glorifié, ni dégradé. On parle autant de la
prostitution, des tabous, de l’homosexualité, des interdictions législatives,
de la corruption policière qui y est liée… tout y passe et rien n’est tout
blanc ou tout noir, on avance dans une grande subtilité de nuance de gris. On
parcourt une fresque humaine ou les différents groupuscules sont connectés
entre eux par un quartier ou une connaissance, ou tout le monde évolue en
permanence. Pour ne rien gâcher, cette fois on y croise des stars comme James
Franco et Maggie Gyilenhaal au milieu d’autres grands acteurs et actrices, dont
certains reviennent de The Wire et/ou
Treme dans des rôles évidemment très
différents. The Deuce est donc un
nouveau tour de force et comme il se doit, le succès est là, plus apparemment
critique que publique, poussant ainsi une saison 2, à se faire attendre un peu plus
que prévu.
Et un petit bonus pour un aperçu :
#TheDeuce #GeorgePelecanos #DavidSimon #BigEasy #NewOrleans
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Ecrire un commentaire (Mis en ligne après modération)