Je viens de terminer la première
version de mon roman Abandonné/s pour
Pygmalion. J’ai quelques mois d’avance et c’est bien ! Je viens également
de recevoir l’épreuve maquettée de Detroit, qui sort chez Gulf Stream éditeur
en septembre prochain. En dehors de mon contrat de scénariste BD qui traîne des
deux pieds, je prépare donc mon prochain roman qui sortira chez… Pas de contrat
signé, je ne dis pas encore. Et donc, avec tout ça, il y a la pause plaisir
lecture et celles où je compile des informations pour écrire. Voici un petit
billet de mes trois dernières lectures.
Vagabonds de la vie, autobiographie d’un hobo, de Jim Tully (les
éditions du sonneur)
Le terme hobo était pour moi un
terme de personnes désignant les plus désœuvrés américains, suite à ma lecture
d’un jeu de rôles, puis une autre lecture m’a précisé qu’il s’agissait de
petits travailleurs itinérants, et là : poum ! Je me retrouve dans un
bain de hobos.
Jim Tully (un peu plus d’information
sur lui ici en attendant de lire la préface : https://en.wikipedia.org/wiki/Jim_Tully),
fait parti de ces écrivains américains qui ont pratiqué mille métiers pour en
nourrir leur plume. Ce live est le début de son histoire, son errance
volontaire de trains en trains au début du XXe siècle Américain. Outre les
informations culturelles et historiques qui me serviront pour écrire à mon
tour, l’histoire reprenant différentes anecdotes de sa vie est des plus
captivantes. Adolescent, il côtoyait des hobos et le quartier « rouge »
de sa petite ville natale. Un jour, sur un coup de tête il a décidé de prendre le
prochain train, illégalement. C’est une histoire sur la liberté et la pauvreté
du début de ce siècle. Une liberté qui pousse des milliers de personnes sur les
routes et les trains, s’arrêtant le temps d’une pause ou d’un petit job afin de
pouvoir se nourrir. Jamais rien ou presque dans les poches, vivant en parallèle
de la société et prêt à presque tout pour survivre. Ces « aventuriers du
rail » sont chassés par les professionnels du chemin de fer, la police et
doivent se débrouiller pour ne pas mourir de froid, de faim, d’un coup de
couteau mal placé ou d’un accident en tentant de monter à bord de ces grosses
machines à vapeur. Mais au milieu de tout cela, ils sont là, entre eux à vivre
pleinement, ou même à se voir offrir la générosité de nombreux habitants… tout
pour ne pas être envoyé en prison casser des cailloux, pour vagabondage.
Voilà pour cette œuvre. Elle ne
se raconte pas, elle se lit. Page après page on ne se lasse pas de la qualité d’écriture
de Jim Tully et de ce gros paquet d’humanité qui en transpire. Plus qu’une
fenêtre sur une époque, c’est un incontournable récit de voyage qui flirt avec
le roman Noir.
Le jour où je suis partie, de Charlotte Bousquet (Flammarion
jeunesse)
J’ai terminé ma lecture il y a
tout juste quelques minutes. Comme souvent avec cette autrice de talent, le
terme « jeunesse » qui le qualifie dans les rayons se verrait bien
accoler une suite comme «…mais pas que ». Je ne vous présente plus
Charlotte, vous savez trouver son blog et son site. Là, c’est l’histoire de
Tidir, une adolescente de la campagne du sud qui va prendre la route jusqu’à
Rabat pour participer à la Journée internationale des femmes. Petit fil rouge
narratif qui en tire de nombreux autres. En effet, nous parlons ici des femmes,
voire de féminisme, et de Maroc. Mais pas de ce Maroc de carte postale, non le
vrai. Celui avec ses défauts de société et sa générosité humaine. C’est cette
vérité poignante et la fluidité qui vous fait dévorer ce livre. C’est le genre
de roman que l’on prend le matin et qu’on termine dans la journée, d’une traite…
et au milieu on a oublié de manger. Il est très difficile d’en parler sans en
dévoiler l’intrigue et les petites subtilités. J’y ai retrouvé le Maroc dans
lequel je me suis rendu (et vais continuer à me rendre), celui paradoxale de la
main tendue et des castes entre homme et femme et/ou riches et pauvres. On
passe des idées reçues, on casse des clichés pour en trouver d’autres et tout
cela, pour une fin d’une poignante combativité qui vous motive à ne pas baisser
les bras quand on regarde la société qui nous entoure. Celle de Trump (femme
objet) ou Poutine (femme à frapper), et celle que nous réservent Fillon (Manif Pour
Tous) ou Lepen (anti-IVG). Alors oui, continuons à nous battre pour légalité
hommes femmes !
Une saison de coton, trois familles de métayers, de James Agee
(Christian Bourgeois)
Ce qui est évident avec cette
couverture est que le texte est quasiment indissociable des photos de Walker
Evans qui agrémentent ses pages. Ici, nous ne sommes pas dans un roman, mais
dans une enquête journalistique. En 1936, James Agee a été missionné par le
magazine Fortune, pour rapporter une série d’articles sur les métayers du sud
de l’Amérique. Pour une raison toujours inconnue, ces textes n’ont jamais été
publiés. Pour ce qui est du contenu, c’est factuel, ça traite de la pauvreté paysanne
du début du XXe siècle, et on cherche encore une happy end. L’auteur a
sélectionné trois familles types, sans non plus aller chercher des familles
noires afin d’être dans l’archétype et non le cliché. En neuf chapitres et deux
annexes (une sur le sujet des Noirs et l’autre sur les propriétaires terriens),
il nous décrit factuellement la vie presque au jour le jour. Néanmoins, malgré
quelques énumérations, nous ne sommes pas en présence d’une plume scientifique,
nous avons bien une rédaction journalistique et aussi travaillée pour les
lecteurs de ce magazine, donc presque grand public. Contrat, abri, nourriture
vêtements, travail, saisons, éducation, loisirs, santé… Tout passe au crible.
Des loisirs quasiment inexistants, au nombre de kilomètres à faire pour se
rendre à l’école (pour ceux qui y vont), à la place des chats et des chiens à l’heure
de table, le travail des saisonniers, le système d’endettement bien pensé par
les propriétaires, le nombre d’enfants (vivants ou morts en bas âge), les
maladies, la propreté, les robe en sac de pomme de terre pour les femmes, ou encore
ce que mange telle ou telle famille. Par rapport aux deux précédents livres, je
crois que pour celui-ci, il faut s’intéresser à la période post krach de 29,
voire des Dust bowls pour pouvoir pleinement en profiter. Donc, pas une lecture
pour tous.
Voilà pour mes lectures, je
reprendrais sous peu mon feuilleton d’ADN, et en attendant, je vous invite à
visiter mes deux pages Facebook pour partager des livres dans le métro parisien
(https://www.facebook.com/Livres-dans-le-m%C3%A9tro-Paris-1284935801552686/?ref=bookmarks)
et GeekHeart, u projet d’artistes geek vendant des œuvres pour les victimes
syriennes (les dons seront reversés à l’UNICEF) : https://www.facebook.com/Geek.Humanity/
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