lundi 24 octobre 2016

Retour de lecture : romans et engagement (La boiteuse / Une colère Noire)

La boiteuse, Françoise Grard (éd. Gulf Stream)
Il y a ces livres qui attirent l’œil. Le nuancier de la collection Electrogène est assez doué pour ça et surtout avec ce jaune puissant de couverture. À cela, il faut ajouter cette élégante photo qui participe au mystère d’avant ouverture. Ensuite, vous lisez la première page, ensuite, vous êtes foutu : vous ne lâchez plus le livre.
J’ai croisé l’autrice brièvement (trop ?) qui m’avait brossé un peu le tableau du livre. Puis, j’étais passé à autre chose, confiant de le retrouver dans ma pile à lire, comme ça, dans mes bonnes lectures. Mais évidemment, rien ne s’est déroulé selon mes plans. Déjà il y a une qualité de plume fabuleuse, ensuite, je trouve cette écriture « glissante ». J’entends par là, comme chaque auteur a son style, ici, on glisse d’un mot à l’autre et si on a un emploi du temps qui convient, on ne le lâche pas ; je ne parle pas de page turner nous gratifiant d’un bon cliffhanger de fin de chapitre, non c’est, là, c’est comme si on était transporté d’un mot à l’autre.
Quant à l’histoire, je pourrais vous dire qu’un couple qui ne s’entend guère plus se rend en Ecosse, qu’elle se casse la cheville sur la land et que lui l’abandonne. C’est le début de l’intrigue. Le reste, peut être est-ce un thriller, peut être est-ce de la littérature dite blanche, mais en tous cas, tout est en nuance de gris. Que ce soit le climat, l’histoire ou la psychologie des personnages. Et cette force subtile nous mène jusqu’à la fin avec brio.



Une colère Noire, Ta-Nehisi Coates (éd. Autrement)

En février dernier, j’ai lu un article sur l’auteur publié pour son passage à Paris. Je n’avais pas pu me rendre à la dédicace (au musée Dapper), mais je me suis promis de lire un jour un de ses livres car j’avais aimé son propos et son engagement.  C’est maintenant chose faite et je ne suis pas déçu. Lu d’une traite aussi, une superbe maîtrise de la langue dans une « lettre » à son fils qui est une sorte d’autobiographie de son parcours traitant de la condition noire aux USA et plus largement. Cpates nous parle du Rêve, ce monde parfait vanté par les médias, cette société parfaite et américaine avec ses petites maisons propres et bien rangées. Il continue avec ses combats dans les rues de Baltimore, à l’université, la réalité du quotidien à NYC et tout cela pour dire à son fils comment il a vécu tout ça. Il interroge sur la nature humaine, sur la société qui nous dis que le crime n'est pas si terrible (quand on parle de victime noire) qu'il y a pire ailleurs qu'il ne faut pas dramatiser à outrance. Il nous rappelle comment les blancs, depuis des siècles, traitent les noirs (dans tous les sens du terme). Du Triangle noir à la déshumanisation ou le passage à tabac par les flics sans répercussion. Loin d’un texte dénonçant pou plaintif, il est intelligent, chemine par un point de vue suivant une évolution de rencontre et de lecture le tout écrit et pensé très justement. Ici, pas d’histoire à raconter, de suspens ou histoire romancée, on est dans le réel, avec ses forces et ses faiblesses et ça fait du bien de lire ça par les temps qui courent. 


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